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Paul Joseph Goebbels était un homme politique nazi allemand, né à Rheydt le 29 octobre 1897. Il se donna la mort à Berlin le 1er mai 1945 avec son épouse Magda, après avoir empoisonné leurs six enfants. Il fut ministre du Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande sous le régime nazi (1933-1945) et son nom reste indissolublement lié à l'emploi des techniques modernes de la manipulation des masses. Il est devenu synonyme des mensonges et des haines que sont capables de diffuser les propagandes des États totalitaires.
Biographie
Docteur en
Philosophie,
Journaliste et
romancier, il rejoint le NSDAP dirigé par
Adolf Hitler dès
1922. Il est l'un des proches du
Führer dès
1926 après une période plus distante, en particulier à cause du soutien financier apporté par les industriels allemands à
Hitler, ce qui heurtait les idées «
anticapitalistes » de Goebbels et de l'aile gauche du NSDAP. Mais Hitler parvient à l'éloigner des frères
Gregor et
Otto Strasser et de ce courant «
communiste » en lui faisant lire les chapitres de
Mein Kampf consacrés à la
Propagande.
Gauleiter de
Berlin à partir de
1926, il est élu dès les élections législatives de mai 1928, devenant ainsi l'un des douze premiers
députés du NSDAP à siéger au Reichstag.
- « Nous entrons au Reichstag comme des loups dans la bergerie. », écrit-il dans le Der Angriff, le journal qu'il avait fondé en 1927.
Il épouse Johanna Maria Magdalena Behrend (mieux connue sous le nom de Magda Goebbels) le 19 décembre 1931. Sous le Troisième Reich, la Propagande fait de Magda Goebbels l'épouse et la mère de famille modèle de l'Allemagne nazie. Il a cependant, entre 1936 et 1938, une liaison avec une actrice tchèque, Lida Baarova. Il semble que ce soit sur l'insistance d'Hitler que le couple Goebbels ne se sépara pas.
Le 11 mars 1933, Hitler le nomme ministre du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande en raison de ses talents d'orateur et de rhétoricien. Son rôle est très important dans la mise en place de la Dictature nazie et de la diffusion des mots d'ordre. Selon lui,
C'est son ministère qui régente et Censure la Presse écrite, la radio, le Cinéma, l'art… Sous l'impulsion de Goebbels, les moyens modernes de Communication sont considérablement développés : Radio, informations Cinématographiques et même Télévision (dès 1935).
Le 21 mars 1933, c'est lui qui organise la journée de Potsdam, peu avant le vote de la loi des pleins pouvoirs par le Reichstag, lors de laquelle Hitler obtint le ralliement du Zentrum contre d'éventuelles garanties constitutionnelles qui ne seront pas réalisées.
Le 10 mai 1933, 20 000 livres sont brûlés lors de l'Autodafé organisé par les nazis sur la place de l'Opéra à Berlin ;
Dès septembre 1933, une loi oblige à adhérer à une Chambre de la culture du Reich (Reichskulturkammer) pour pouvoir exercer une profession artistique ou celle de Rédacteur en chef d'un journal. Comme cette adhésion est interdite aux « non-aryens », ces professions deviennent ainsi réservées aux seuls aryens. L'émigration de nombreux intellectuels commence.
Goebbels est constamment aux avant-postes dans la radicalisation du régime contre les Juifs. Avant la guerre, par exemple, lors de la Nuit de Cristal, dont il apparaît comme le principal instigateur. Il est décrit comme de type méditerranéen, petit (mesurant 1m65), la jambe droite déformée des suites d'un Pied-bot ou d'une Ostéomyélite, squelettique, de complexion maladive et disposant d'un nez proéminent et pointu . De tous les dirigeants du Troisième Reich, Joseph Goebbels avait l’apparence la plus éloignée du Canon esthétique nazi du grand blond aux yeux bleus athlétique. Le comble survient quand Goebbels n'hésite pas à faire figurer ses propres enfants dans un film de 1939 destiné à justifier la politique d'Euthanasie des infirmes alors que lui-même a été réformé du service militaire en raison de son pied bot. Selon Joachim Fest, il cherchait à compenser ses défauts physiques par une dévotion complète au nazisme.
Suite à la défaite de Stalingrad, Goebbels prononce le 18 février 1943 l'un de ses plus importants discours au palais du Sport (Sportpalast) de Berlin. Conscient que l'Allemagne court maintenant un risque mortel, il fait approuver par 15 000 délégués la Guerre totale. Il conclut son discours par cette phrase : "Et maintenant peuple, lève-toi, et toi, tempête, déchaîne-toi".
Proche de Hitler auquel il voue une admiration sans bornes, Goebbels joue un rôle déterminant à Berlin dans l'échec du complot du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler.
Il devient immédiatement après « plénipotentiaire pour la guerre totale » en juillet 1944. Il suit son Führer jusqu'aux derniers jours du Troisième Reich. Le ministère de la Propagande, au service de « la sainte croisade du XXe siècle contre le bolchévisme », mobilise les troupes allemandes et le reste de la Population au fur et à mesure que la situation militaire se détériore. Il est directement responsable des Volkssturm, troupes de réserve composées d'adolescents et de personnes âgées, lors de la Bataille de Berlin.
Après le suicide de Hitler dans l'après-midi du 30 avril, il est Chancelier du Reich du 30 avril au 1er mai. Ses dernières tentatives consistent à essayer de prendre contact avec les Russes qui sont à la Zimmerstrasse, non loin du Bunker, en parvenant avec ses aides de camp à mettre en place un téléphone et à communiquer avec les Soviétiques. Il tente alors de négocier un Armistice, mais ne parvient pas vraiment à communiquer directement avec les autorités russes.
Refusant catégoriquement une reddition sans conditions, Goebbels se donne alors la mort par balle au soir du 1er mai 1945 avec son épouse Magda, après qu'elle a tué leurs six enfants âgés de 4 à 12 ans en les empoisonnant à l'aide de Cyanure. Tout comme Hitler, son corps est partiellement brûlé par les aides de camp de la chancellerie.
Le copieux Journal tenu par Goebbels de 1923 à 1945 est un document capital pour les historiens et comporte 29 volumes édités intégralement par l’Institut für Zeitgeschichte (Institut d'Histoire contemporaine de Munich). On y découvre, de l'intérieur, le fonctionnement complexe du système nazi, l'Idolâtrie servile de Goebbels vis-à-vis de son maitre infaillible, les intrigues et rivalités au sein du premier cercle, et surtout la machine à manipuler les esprits que dirige Goebbels. Trois thèmes lui serviront jusqu'au bout à entretenir ses propres illusions sur le succès final alors que troupes soviétiques et alliées ont manifestement mis à genoux la « Grande Allemagne » : les juifs, responsables du mal par définition, les Soviétiques, autre incarnation du mal absolu, et les promesses de lendemains meilleurs. On découvre aussi la psychologie d'un personnage-clé du « Reich millénaire » niant les crimes nazis et s'indignant des « bombardements criminels » des villes allemandes, si bien qu'on finit par se demander s'il écrivait pour manipuler même la postérité ou s'il croyait en son discours.
On peut aussi signaler qu'il parlait couramment français mais absolument pas anglais. Ceci explique peut-être ses erreurs de ton face à l'Angleterre.
Écrits de Goebbels
- Joseph Goebbels, Combat pour Berlin
- Joseph Goebbels, Michael, roman, 1929.
- Joseph Goebbels, Journal 1923-1933, Collectif, Ed. Tallandier, 907 pages, 2006, (ISBN 2847343008)
- Joseph Goebbels, Journal 1943-1945, Collectif, Ed. Tallandier, 766 pages, 2006, (ISBN 2847341145).
- Le journal de Goebbels, Joseph Paul Goebbels, Ed. Tallandier, 2007, (ISBN 2847344616)
Dans le premier volume paru de la traduction en français du « Journal » de Goebbels (Journal 1943-1945, texte établi et annoté par Pierre Ayçoberry), on assiste au déclin puis à la chute du Troisième Reich. Grâce à une édition scientifique rigoureuse, cet ouvrage est un document de premier ordre sur les rouages du pouvoir dans l'Allemagne nazie. Le style est fréquemment grandiloquent et il est évident que Goebbels écrivait en pensant être lu plus tard. C'est sans doute pourquoi les écrits de Goebbels dérivent progressivement vers l'auto-justification et la recherche de coupables pour expliquer la défaite de plus en plus probable de l'Allemagne nazie. Les deux cibles principales de Goebbels sont à ce titre la Luftwaffe - et à travers elle Göring - et le haut commandement de la Wehrmacht, plus particulièrement les milieux aristocratiques. Derrière cette dernière critique, on sent poindre la fascination d'Hitler et Goebbels pour Staline qui a, selon eux, réussi à mettre en place un régime totalitaire ultime en éliminant tous les cercles intermédiaires. La Shoah n'est abordée que de manière allusive, notamment à travers la formule plusieurs fois répétée selon laquelle il faudrait « couper les ponts ». Il est cependant indéniable que Goebbels était complètement informé et il a, en tant que Gauleiter, participé de manière active à la déportation des Juifs de Berlin.
Enfin, le texte décrit de manière saisissante l'anarchie qui règne dans les milieux décisionnels du Troisième Reich et fait ainsi définitivement voler en éclats le mythe de la machine de guerre allemande bien huilée. En l'absence d'une Hiérarchie définitive et d'une répartition claire des compétences, on assiste en effet à d'incessantes querelles personnelles - dans lesquelles Goebbels n'est jamais le dernier à s'impliquer - où le but est in fine de gagner les faveurs d'un Führer de plus en plus enfermé dans sa folie. Ce climat rend difficile voire impossible la prise de décision, la réalisation de tout projet concret. C'est ainsi que Goebbels n'a de cesse d'appeler à la guerre totale et s'épanche continuellement sur le sujet alors qu'en fait, de réunion en réunion, le projet n'avance pas. Goebbels lui-même prélève en 1944 des milliers de soldats sur le front de l'Est pour tourner en tant que figurants dans une de ses productions cinématographiques.
Bibliographie
- Ernest K. Bramsted, Goebbels and National Socialist Propaganda. 1925-1945, Michigan, Michigan State University Press, 1965
- Imre Gyomai, Goebbels. Porte-parole du nazisme. (Documents contemporains), Paris, Les Editions Nagel, 1945.
- Joseph Goebbels, Journal 1923-1933, Collectif, Ed. Tallandier, 907 pages, 2006, (ISBN 2847343008)
- Joseph Goebbels, Journal 1943-1945, Collectif, Ed. Tallandier, 766 pages, 2006, (ISBN 2847341145).
- Anja Klabunde, Magda Goebbels : approche d'une vie, Paris, Tallandier, 2006
- Roger Manvell et Heinrich Fraenkel, Goebbels. Sa vie, sa mort, Paris, Robert Laffont, 1960
- Hans-Otto Meissner, Erich Ebermeyer, Magda Goebbels. Compagne du diable, Paris, Edit. France-Empire, 1961.
- Viktor Reimann, Goebbels, New York, Doubleday & Company, 1976
- Curt Riess, Goebbels, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1956
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Notes
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